Frédérique Aït-Touati est metteure en scène et historienne des sciences. Chercheuse au CNRS et directrice de SPEAP (Programme d’Expérimentation en Arts Politiques de Sciences Po), elle s’intéresse aux liens entre sciences, arts et politique. Après une formation en musique et en danse (Conservatoires de Grenoble et Marseille), elle s’est formée à la mise en scène à l’ENS de Lyon puis au ADC Theatre de Cambridge, tout en poursuivant une thèse en histoire des sciences. Elle a enseigné à l’Université d’Oxford de 2007 à 2014 avant de revenir en France pour se consacrer au théâtre et à la recherche.
À partir de 2010, elle est invitée en résidence avec sa compagnie dans divers théâtres: à la Comédie de Reims, à la Chartreuse de Villeneuve lez Avignons, au théâtre de Nanterre-Amandiers, à Chaillot-Théâtre national de la Danse. C’est aux Amandiers qu’elle crée en 2015 avec Bruno Latour et Philippe Quesne Le Théâtre des négociations-Make it work, performance de 200 étudiants proposant une négociation sur le climat incluant des non-humains. Elle met en scène l’année suivante la conférence-performance Inside puis, en 2019, Moving Earths de Bruno Latour, suivi de Viral en 2021; les trois spectacles composent la Trilogie terrestre, désormais portée à la scène par Duncan Evennou en tournée internationale. Lauréate du dispositif Mondes Nouveaux en 2022, elle crée Earthscape à la Conciergerie à partir du texte Philosophie de la Maison de Emanuele Coccia. Elle sera artiste associée au CDN de Tours à partir de 2024.
De 2013 à 2015, elle publie des chroniques mensuelles pour le journal Libération sur des sujets littéraires, artistiques et politiques ; elle collabore en outre régulièrement avec des artistes contemporains (Céleste Boursier-Mougenot, Tomas Saraceno, Noémie Goudal).
Elle est invitée pour des performances et des expositions dans de nombreuses institutions artistiques internationales : elle participe comme performeuse à la Carte Blanche de Tino Sehgal au Palais de Tokyo en 2016 ; en 2017, elle est commissaire scientifique de l’exposition Animer le paysage – Sur la piste des vivants au Musée de la Chasse et de la Nature à Paris ; en 2020, elle est invitée pour une série de performances au Gropius Bau à Berlin dans le cadre des Berliner Festspiele ; en 2022, elle est invitée par la Biennale de Taipei pour présenter Trilogie terrestre, puis par la Villa Albertine pour une résidence à Marfa au Texas ; en 2023, elle est programmée à la Biennale de Venise dans le cadre du Pavillon Français, à la Bourse du Commerce à Paris, et au festival Artes e Vertentes à Tiradentes et au Tomie Ohtake à Sao Paulo au Brésil.
Ses spectacles et ses livres explorent des questions de recherche communes : les rapports entre arts et savoirs dans les domaines des théories du vivant,de l’écologie et des sciences du système Terre ; les pratiques artistiques contemporaines (théâtre, performance, arts plastiques, architecture) et le développement d’une connaissance sensible par les arts. Elle a notamment publié Contes de la Lune, essai sur la fiction et la science modernes (Gallimard 2011), Fictions of the Cosmos (Chicago 2011), Terra Forma. Manuel de cartographies potentielles, avec Alexandra Arènes et Axelle Grégoire, puis Le Cri de Gaïa en 2021 avec Emanuele Coccia, Vinciane Despret, Baptiste Morizot et Nastassia Martin et Trilogie Terrestre avec Bruno Latour (2022). Son prochain livre, intitulé Théâtres du monde. Fabriques de la nature en Occident, paraît en mars 2024.
Les artistes avec lesquels nous collaborons pour ce Chaillot Expérience #7 :
- Marie-Sarah Adenis est une artiste-designer qui se définit avant tout comme une conteuse du vivant. Elle est à la fois diplômée en design (ENSCI-les-Ateliers) et en biologie (ENS-Ulm).
- la créatrice sonore Maya Boquet, dont le travail d’enquête et d’archives sonores interroge un territoire dans sa profondeur temporelle et narrative ;
- le philosophe Emanuele Coccia, auteur de La vie des plantes, l’un des penseurs du vivant les plus inventifs et influents aujourd’hui,
- la plasticienne et scénographe Esther Denis, dont les installations optiques et poétiques proposent un autre regard sur le vivant ;
- l’acteur Duncan Evennou, qui travaille à la jonction de la recherche et de la performance ;
- la chorégraphe et danseuse Madeleine Fournier, dont le travail s’inspire des danses traditionnelles et des nouvelles conceptions du vivant et du mouvement ;
- la dramaturge et philosophe Camille Louis, cofondatrice de Kompost, qui travaille la question du soin, de l’engagement politique et du rapport aux territoires dans des dispositifs de partage de parole performatifs et hospitaliers ;
- le comédien et danseur Olivier Normand, qui interroge par le chant et la danse les frontières poreuses des genres, de la musique baroque au cabaret
- le compositeur performeur Alvise Sinivia, qui explore l’espace au moyen de ses cartographies et installations sonores ;
- le collectif d’architectes SOC (société d’objets cartographiques), créateurs de cartes et de cosmogrammes inconnus, pour appréhender autrement le territoire.
- Simon Garrette, ingénieur du son passionné de musiques actuelles et de nouvelles technologies audio; expérimenté en enregistrement, mixage, sound design et composition musicale, son 3D, et performance live.
- Maxime Lévêque, acteur de formation, joue sous la direction de différents metteurs et metteuses en scène dans divers projets et participe souvent à leur conception. Les projets sur lesquels il travaille l’amènent à être dans une démarche de terrain assez proche du documentaire ou des « écritures du réel ».
- Olivia Ross, comédienne franco-canadienne formée à la prestigieuse Guildhall School of Music and Drama à Londres. Elle joue au Shakespeare’s Globe Theatre avant de se distinguer au cinéma et à la télévision dans de nombreux projets primés et sélectionnés en festivals en France et en Angleterre.
- Nastassja Martin, anthropologue, diplômée de l’École des hautes études en sciences sociales, spécialiste des populations arctiques. Elle est l’autrice des Âmes sauvages. Face à l’Occident, la résistance d’un peuple d’Alaska (La Découverte, 2016), qui a reçu le prix Louis Castex de l’Académie française, et de Croire aux fauves (Verticales, 2019), qui a reçu les prix François-Sommer, Mac-Orlan, Joseph-Kessel et du Livre du Réel.
- Sébastien Dutreuil est historien et philosophe des sciences, chargé de recherche au CNRS, directeur adjoint du Centre Gilles-Gaston-Granger, à Aix-Marseille université. Il est l’auteur de Writing Gaia: The Scientific Correspondence of James Lovelock and Lynn Margulis (Cambridge University Press, 2022).
- Les artistes-chercheurs SPEAP. Fondé par Bruno Latour à Sciences Po, le master d’expérimentation arts et politique (SPEAP) est un programme innovant et pluridisciplinaire qui associe les sciences sociales, les arts et le politique.