François Chaignaud / Geoffroy Jourdain In absentia + Cabarets

Trouvant sa dynamique motrice dans la musique sacrée de la Renaissance, In absentia transporte sur scène des œuvres liées aux rites funéraires – en particulier de Jean Richafort et Josquin Desprez – à travers 13 interprètes qui mêlent intimement chant(s) et danse(s). 

Sans cesse en mouvement, de la lenteur à la course, en canon ou à l’unisson, ce corps commun – composé d’individualités aux capacités expressives remarquables, chacune dans son domaine de prédilection – se déploie dans l’espace avec une éloquence sensible saisissante. Réparti en cercles concentriques, au plus près de l’action polyphonique en train d’advenir, le public se trouve immergé dans le flux collectif continu et se lie tout du long à ses remous.

Foncièrement organique, traversée de bout en bout par le souffle intempestif du vivant, la pièce invoque – et même magnifie – l’absence par des états d’extrême présence au monde, comme des épiphanies qui surviennent et frappent en plein c(h)œur. Tendue vers l’au-delà, elle résonne intensément ici et maintenant. 

À la fois farcesque et empreinte d’un profond sentiment du tragique, cette farandole cathartique s’inscrit dans le sillage des danses macabres du Moyen-Âge. Elle peut aussi rappeler La Table verte, illustre ballet expressionniste de Kurt Jooss créé en 1932, « danse macabre en 8 tableaux et 16 danseurs », ou, plus récemment, les exubérantes fantasmagories scéniques de Marlene Monteiro Freitas, par exemple Bacchantes – Prélude pour une purge. 

François Chaignaud, à l’écriture chorégraphique, et Geoffroy Jourdain, à la direction musicale, prolongent et amplifient leur fertile dialogue artistique avec In absentia, nouvelle création imaginée à partir de leur première pièce en binôme, t u m u l u s (2022), déjà pour 13 interprètes. 

Jérôme Provençal

Des performances de :

• Aymeric Hainaux (beatbox)

« Pas de pédales d'effets, pas de loop, action vivante uniquement. Il n'y a rien, juste un corps et une bouche, depuis 2006 Aymeric Hainaux construit avec sa pratique du beatbox une musique personnelle, expressionniste, aux rythmiques et aux sons précis, compressés, telle la fameuse boîte à rythmes Roland TR 909. Déluges industriels énormes, silences à couper le souffle, ses concerts sont de véritables performances radicales attentives au geste et à l'immédiateté du temps présent. »

Anthoni Dominguez, MOUVEMENT

©Eric Pellet

• Nosfell (musique)

Nosfell débute sa carrière musicale à l'aube des années 2000. « Nosfell » est en réalité la contraction de Labyala Fela Da Jawid Fel, son identité complète déclinée en Klokobetz, langue dont il est le seul locuteur puisqu'il l'a inventée. Dès l'adolescence, le timide Nosfell trouve en effet refuge dans un pays imaginaire, Klokochazia, régi par des règles géographiques et historiques strictes. Depuis 2003, en deux albums et des tournées marathon, Nosfell est parvenu à transposer un monde ésotérique et personnel en une œuvre musicale, qui prend vie grâce à divers samples et à sa voix protéiforme. Nosfell délaisse pour la première fois en 2014 le tout-klokobetz pour chanter en français une partie de l'album Amour Massif.

Dans le cadre de sa performance, Nosfell chantera une sélection de textes d’une poétesse amazighe, sur ses compositions originales. Pour les interpréter, Nosfell incarnera créature mythique de l’Atlas, gardien de la tradition orale, évoquant la puissance de la mémoire collective et faisant écho à ses propres origines amazighes. 

©Camille Graule

• Flor Paichard (performance)
   

Flor Paichard est une artiste performeuse vocale trans. Elle est chanteuse lyrique de formation, contre-ténor spécialisée en musique ancienne. Après de longues immersions dans les musiques polyphoniques médiévales, de la Renaissance et dans différents types de vocalités contemporaines, elle oriente désormais sa démarche vers un travail artistique plus engagé qui explore la voix en lien avec des marqueurs sociaux, culturels et politiques.
 
Dans sa performance, Flor Paichard entend travailler sur une créature populaire mi spectre mi démon dont on trouve les premières références dans Les Evangiles des Quenouilles, un recueil de contes médiévaux datant du XVème siècle et qu’on nomme la Coquemar. C’est à la Coquemar qu’on attribuait ce qu’on appelle aujourd’hui la terreur nocturne (la Coquemar venant se coucher sur sa victime expliquait la sensation de paralysie et d’étouffement de la terreur nocturne), c’est de cette vision d’horreur que vient notre cauchemar. 

Performance conseillée à partir de 18 ans

• Patachtouille (dragshow)

Julien Fanthou découvre sa voix simultanément à sa séropositivité en 2000, après ses études d’arts plastiques tandis qu’il est régisseur plateau et se destine à la scénographie. Pour sauver sa peau il décide d’offrir son corps à la scène et se lance dans un apprentissage du chant classique afin de devenir chanteur lyrique et y parvient. Après plusieurs rôles dans différentes maisons d’Opéra il aborde le cabaret en créant le Goujon Folichon dans les bars, puis chez Madame Arthur en 2017 où il invente ensuite Patachtouille. Créature féconde, elle apparait au cinéma, à la télévision et au théâtre et donne même un atelier à L’Institut d’Études Théâtrales Sorbonne-Nouvelle Paris 3. Si elle est l’une des artistes phares et fidèle de Madame Arthur, elle se produit également dans de nombreux autres cabarets.

Pour ce Chaillot expérience, Patachtouille chantera mais ne fera pas « pestak ». Comme l’écrit Vinciane Despret : « Où l’oiseau chante il est chez lui ». Installée sur un lit entre les colonnes du foyer Brown, Patachtouille consultera à vue ses projets, poèmes et souvenirs, demandant leur avis aux visiteur.ses. Dans ce parcours, il y a de tout, des analyses médicales autant que des films pornos et des séances de psychanalyse, de la fiction et de la réalité. Bienvenue dans la vie d’une créature de cabaret, hors les murs du cabaret.

Performance conseillée à partir de 18 ans

• PowerBeauTom (dragshow)
   

  

PowerBeauTom est artiste de cabaret et Drag King/Queer depuis 2021. Sur scène, il mélange les genres et explore sa queerness à travers des performances mêlant musique et danse. Il fait partie du cabaret Madame Arthur depuis 2023, où il interprète et ré-écrit des chansons francophones. Il performe également ses propres morceaux sur scène, célébrant le genderfuck et la fluidité. 

©Marc Leclanche 

 

"Conjuguant leurs arts, danse et musique, François Chaignaud et Geoffrey Jourdain signent une œuvre délicate autant que profonde. Tutoyant les anges et les âmes, ils ouvrent la saison en beauté ! " Olivier Frégaville-Gratian d'Amore - L'Oeil d'Olivier

"Serait-ce une constellation de planètes ? Au centre de cette galaxie, il y a le public, ému, parfois jusqu’aux larmes, par les harmonies vocales." Bélinda Mathieu, Sceneweb