Katayoun Rouhi Vers le non-où

Vers le non-où, le titre de l’œuvre, évoque le « na koja abad » du philosophe Sohravardi, le pays du non-où qui est, non plus l’espace dans lequel serait l’esprit, mais l’espace qui est dans l’esprit, l’intérieur de soi. De la même façon, la figure de l’arbre qui revient dans le travail de Katayoun Rouhi comme une résonance irrésistible, évoque les miniatures persanes où l’arbre symbolise le lieu de la réalisation de soi, le chemin vers soi et caractérise selon l’artiste, non pas « un plaidoyer simpliste pour l’écologie » mais l’idée de la présence de l’arbre « comme ce qui existe en soi et pour soi ». La mémoire et les souvenir d’enfance enfin, sont représentés par l’image de la petite fille qui remonte un chemin. La sensibilité de Katayoun Rouhi s’exprime dans sa peinture mais aussi dans ses mots, dans sa poésie qu’elle déploie dans ses peintures. Elle sème dans sa peinture des lettres fertiles, en calligraphiant ses propres poèmes, mais à l’envers, puisque la trace même de l’écriture, ce « corps subtil » à l’instar du grand mystique soufi Ibn Arabi, suffit à incarner les chemins qui mènent à l’âme.

Katayoun Rouhi est née en Iran en 1965. Diplômée des Beaux-Arts de Paris, elle a soutenu une thèse sur l’origine de la création d’une œuvre, sur « le lieu » où l’œuvre « a lieu ». La question du lieu, le lieu de naissance, le lieu de l’être, le lieu de l’âme, est une question fondamentale dans le travail de Katayoun Rouhi. Un thème qu’elle explore inspirée par ces philosophes poètes qu’étaient les néoplatoniciens perses Sohravardi et Attar, pour qui la question symbolique du lieu, d’où nous venons et vers où nous retournons est central.