Romual Kaboré
La Fabrique Chaillot hors les murs : résidence à Annonay du 2 au 5 mars et du 23 mars au 30 avril 2020
À propos de Romual Kaboré
Né dans un village du Burkina Faso, Romual Kabore découvre la danse par hasard auprès du chorégraphe Congolais Yvon Nana Kouala. Fasciné par le mouvement et les possibilités qu'il offre, il intègre la formation proposée par La Termitière, Centre de développement chorégraphique de Ouagadougou. Il y fera ses premières rencontres avec les chorégraphes Salia Sanou (Montpellier), Herman Diephuis (Paris) ou encore Heddy Maalem (Toulouse).
Depuis, il est interprète dans différentes créations de ces chorégraphes et de Flavia Tapias (Rio de Janeiro), Abdou M’Gom (Lyon), Olivier Tarpaga (USA), Annabelle Bonnery (Grenoble), Jean Claude Gallotta et Moïse Touré (Grenoble), Opéra Comique de Paris, Fanette Chauvy (Raucoules), Guillaume Vincent (Paris), Mélodie Joinville ou encore Jean-Paul Texareau.
Lauréat de la résidence internationale des Récollets proposée par la Ville de Paris et l'Institut Français, il crée en 2014 son premier solo intitulé Romual, sans D, présenté ensuite au Festival d'Avignon dans le cadre de La Belle Scène Saint-Denis. Ce spectacle a connu un grand succès avec plus de 60 dates de représentation et continuera en 2019 à Langeac, au Puy en Velay, à Saint-Julien-Chapteuil et en Suisse.
D’ores et déjà, Romual Kabore est en cours d’écriture et de préparation de sa troisième pièce Et si je dansais qui sera créée le 15 mai 2020 en Haute-Loire.
Dans le même temps, il poursuit sa carrière d'interprète à l'international (France, Brésil, Italie, Suisse, Allemagne, Emirats Arabes Unis, l’Île de la Réunion, Martinique, Burkina-Faso, Kenya, Mali…) et s’affirme comme chorégraphe avec sa deuxième création L’interview, duo avec le créateur lumière Sam Mary, qui sera lauréat du programme Danse Afrique et Caraïbes en 2015.
Romual Kabore reçoit la même année le 3ème prix du concours Simply the Best organisé par le chorégraphe burkinabé Serge-Aimé Coulibaly à Bobo dioulasso (Burkina Faso).
À propos du projet artistique
Il lui a fallu plusieurs années pour comprendre et accepter qu’on ne peut pas tourner trop longtemps le dos à quelque chose qui nous a fait mal.
« Tu n’es plus là où tu étais, mais tu es partout là où je suis » (Victor Hugo).
C’est une lettre adressée à son oncle. Une lettre en langage chorégraphique, et en quelques mots aussi.
Une lettre pour lui raconter l’homme que est devenu depuis sa mort brutale en 2010. Une lettre pour laisser une trace concrète de son parcours de résilience, comme un cycle qui s’achève.
Il partira de ce qui s’est passé en lui au moment de sa mort. Le choc a été si violent qu’il s’est retrouvé tétanisé et n’a pas pu lui dire au revoir. Son corps était là, mais il ne savait pas où était sa tête. Il voyait tout ce qui se passait autour de lui comme irréel.
Il veut parler de l’impact que cela a eu sur lui, et de l’impact de toutes les représentations de la mort qu’il a vécues ensuite, qui sont venues s’ajouter à la perte première. Une fois perdue la protection et la sécurité que lui procurait sa présence à ces côtés, il est devenu perméable aux évènements violents qu’il a vécus par la suite.
Il a enfoui à chaque fois au plus profond ses expériences de mort accumulées.
Sa brève rencontre avec le krump (pour Kingdom Radically Uplifted Mighty Prise, une danse urbaine née aux USA dans les années 90) lui a permis de découvrir que ses émotions étaient restées coincées au fond de lui depuis tout ce temps. Il a alors pris conscience de la nécessité d’écrire cette lettre.
Il a voulu analyser ce qui se passait en lui, et il s’est dit qu’il y avait quelque chose à aller chercher.
Pour nourrir son approche et son travail chorégraphique, il ressent le besoin d'aller au contact de personnes ayant traversé de grands traumatismes au cours de leur existence, en particulier celles qui se sont retrouvées handicapées physiquement et/ou moralement suite à un évènement. Il veut également rencontrer les personnes qui les accompagnent dans leurs parcours de soins et de résilience.
Il se demande comment donc font les esprits et les corps traumatisés pour sortir de cette situation d'enfermement telle que celle qu’il a pu connaitre lors de ma perte.
Quels rituels construisent-ils alors ? Comment leur corps réagit-il ?
Ses intuitions l'ont amené à entreprendre des recherches sur les soins proposés et les différentes techniques corporelles thérapeutiques (somatopathie, kinésiologie, biodynamique, EMDR…) existantes. Il sait aujourd'hui que multiplier les rencontres avec les patients et les thérapeutes est indispensable au processus de création dans lequel il s’est engagé.