27 mars 2021
La danse : rassemblement !
Rencontre
Réservé aux professionnels
Chaillot -Théâtre national de la Danse convie les professionnels de la danse à une journée de réflexion et de partage sur la danse programmée à l'orgine le samedi 21 novembre 2020 et reporté le samedi 27 mars 2021. Elle invite les professionnels à échanger pour analyser la situation présente du secteur, proposer des perspectives d’avenir et suggérer des pistes nouvelles. Au cœur des mutations artistiques, interrogée par les intellectuels de chaque époque, la danse incarne la pensée en mouvement. Expression artistique majeure, elle demeure pourtant rare dans la parole publique et les préoccupations des politiques culturelles.
Pendant une journée, les professionnels de la danse se réunissent à Chaillot pour prendre la parole et, ensemble, dire leur vision du secteur. Comment penser les conditions de la création chorégraphique aujourd’hui et demain, en France et à l’international ? Quelle place la danse a-t-elle dans les politiques publiques ?
Comment s’inscrit-elle dans les parcours d’enseignement, de l’Éducation nationale à l’enseignement supérieur spécialisé ? Quel maillage d’équipes et d’équipements pour que s’épanouisse la danse en France ? Comment peut-elle conquérir de nouveaux publics ?
À l’initiative de Chaillot – Théâtre national de la Danse, cette journée est organisée avec News Tank Culture, média indépendant en ligne consacré à l’économie et aux politiques de la culture.
Demain, c’est aujourd’hui : prenons la mesure de notre avenir !
Didier Deschamps
Présentation des débats et du programme
9h - 9h45 : Accueil / Café
9h45 - 10h : Introduction
10h - 11h30 • DÉBAT 1 : La danse et les politiques publiques de la culture : quelle place, quelle ambition, quels moyens ? Quel rebond après la crise sanitaire ?
11h30 - 13h • DÉBAT 2 : La création et la diffusion : adaptation ou transformation ?
14h30 - 16h • DÉBAT 3 : La danse et les publics : quel élargissement ?
16h - 17h30 • DÉBAT 4 : Les danseurs(-seuses), quelle formation, quelle carrière, quel statut, quel devenir ?
17h30 : Conclusion en présence d’un grand témoin
A cette occasion, inauguration du grand foyer de Chaillot – Théâtre national de la Danse en tant que Foyer de la danse.
Les politiques publiques de la danse, initiées dans les années 70, et largement développées à partir des années 80, ont progressivement mis en œuvre et combiné création de réseaux d’institutions, soutien à des compagnies, réglementation de l’enseignement, etc… Comment en est-on arrivé au paysage actuel, quels ont été les rôles respectifs des pouvoirs publics et des professionnels dans cette construction, quel bilan peut-on en tracer, avec ses forces et aussi ses faiblesses, alors que la création artistique a montré, chemin faisant, inventivité et rayonnement ?
Il est patent que, pour la plupart des acteurs du secteur, la danse, prise en compte plus tardivement que d’autres expressions artistiques, demeure à une place encore perçue comme secondaire dans les préoccupations des pouvoirs publics, dans l’insertion dans les territoires, dans la programmation des scènes pluridisciplinaires… Les moyens sont jugés insuffisants, les structures fragiles, la visibilité du secteur trop faible.
De plus, la récente crise sanitaire et ses effets considérables sur la vie culturelle ont provoqué des ravages en matière de création et de diffusion, et anéanti ou mis en péril bien des équipes et des projets artistiques.
Quelle ambition faut-il avoir pour la danse dans les années prochaines ?
Quelle peut-être la vision de l’avenir ? Avec quels désirs et avec quelle politique ?
Et comment peut-on relancer et rebondir après l’épreuve si douloureuse que chacun vient de subir ?
Le dispositif institutionnel mis en place s’est étoffé au fil des ans (établissements publics nationaux, ballets, centres chorégraphiques nationaux, centres de développement chorégraphique nationaux, scènes conventionnées, compagnies subventionnées, aides au projet et à la structuration, festivals, artistes associés, accueils studio…) : il apparaît aujourd’hui à la fois diversifié, complexe, et hiérarchisé.
Comme tel, il constitue un socle appréciable de soutien à la création dans la diversité de ses formes et la pluralité de ses esthétiques. Il n’échappe pas cependant à des interrogations ou à des critiques : il encouragerait une certaine » frénésie » de la création, et aboutit en tout état de cause à un goulot d’étranglement en matière de diffusion, sans éviter des inégalités de diffusion.
Des clivages persistants peuvent aussi être constatés entre institutions et équipes indépendantes, entre générations, entre esthétiques, tandis que le sujet de la parité hommes/femmes s’impose ici comme ailleurs.
Entre fragilité et cohérence, quelle est la pérennité du tissu de la danse ?
Le ministère de la culture a engagé pour sa part une réflexion en vue d’une réforme de son système d’aide : quels en seront les effets ?
Quel est l’impact des nouvelles technologies et du numérique ?
Comment prend-on en compte la dimension internationale ?
Quelles conséquences tire-t-on de l’urgence écologique dans le domaine de la danse ?
En définitive, faut-il adapter ou, plus radicalement, transformer, alors que le contexte actuel a provoqué déstabilisation et inquiétude ?
Avec le recul du temps, le constat peut être fait que la danse a souvent su accompagner son essor artistique du développement de son public, (on a même pu parler « d’engouement » pour la danse). Toutefois, il est non moins clair que le plein élargissement de ce public reste encore à accomplir, pour se heurter notamment à l’insuffisante exposition de la danse dans les différents espaces de diffusion et de rencontre qui lui sont offerts. La situation apparaît certes variable selon les cas, ne serait-ce qu’entre Paris et les régions, et en outre, on ne saurait nier les efforts incontestables et récurrents menés par les structures subventionnées pour accroître leur public ou toucher de nouvelles couches de la population. Le sujet est double : celui de l’importance quantitative de la fréquentation, celui de la diversification sociale.
Si l’ancrage social de la danse ne peut être apprécié indépendamment de ses différentes esthétiques, il en reste que l’accroissement de la diffusion de la culture chorégraphique, la priorité conférée à l’éducation artistique et culturelle, le souci renouvelé d’une intensification de la médiatisation de la danse (notamment dans l’audiovisuel...) demeurent autant de préoccupations majeures et légitimes.
A cet égard, convient-il de réorienter les cahiers des charges des structures publiques ? De même, les politiques tarifaires des diverses institutions méritent-elles d’être réinterrogées? Comment peut-on accroître la sensibilisation des programmateurs des scènes pluridisciplinaires ?
Au-delà, quelle place reconnaît-on aux pratiques amateures, et notamment comment accompagne-t-on les pratiques des futurs publics hors temps scolaire ?
Dans un autre ordre d’idées, quels enseignements tire-t-on des » bonnes pratiques » en matière d’action culturelle dans les milieux spécifiques (hôpitaux, prisons…) ?
Et comment combine-t-on, dans le domaine de la danse, la réalisation des missions de service public et la reconnaissance des droits culturels ?
Enfin s’agissant du « grand public », peut-on imaginer une action spécifique, par exemple inventer un moment fort, telle une journée annuelle ou fête de la danse ?
Dans les disciplines de la danse classique, contemporaine et jazz, l’enseignement de la danse est règlementé (indépendamment des structures privées, conduisant à des formations non diplômantes). Les conservatoires dispensant un cycle d’enseignement professionnel initial (CEPI) dans le domaine de la danse sont au nombre de 113, pour 11 000 élèves et environ 700 enseignants (selon les chiffres du ministère de la culture datant de quelques années). Les formations diplômantes dispensées dans des structures publiques conduisent au DNSPD (diplôme national supérieur professionnel danseur), et quant à l’enseignement de la danse, il suppose un diplôme d’Etat de professeur de danse, et, pour l’enseignement public le certificat d’aptitude de professeur de danse, tandis que les CEFEDEM forment les intervenants en milieu scolaire.
Ce dispositif très cadré répond-il aux besoins quantitatifs et qualitatifs de la danse ? La formation conduirait à un certain formatage, selon certaines critiques : ce risque est -il avéré et incite-t-il à développer des formations alternatives ?
Les danseurs professionnels sont au nombre d’environ 5 000 en France : 10% permanents (surtout dans la danse classique), 90% intermittents. Si l’on constate une hétérogénéité dans les cursus de formation, les parcours professionnels et les formes de pratiques artistiques, il en reste que la carrière des danseurs(-euses) est par nature plus courte qu’ailleurs et les salaires plus faibles en moyenne, alors que les femmes sont majoritaires. Au total la précarité règne, de surcroît grandissante. Comment peut-on y remédier ? Quelles pistes nouvelles peut-on envisager ?
La danse est un métier de passion et de vocation. La question de la reconversion, à laquelle beaucoup ne sont guère préparés, se pose cependant à tous, avec la rupture professionnelle et psychologique souvent induite. Comment peut-on mieux informer et accompagner les professionnels ? Quel peut-être le rôle des pouvoirs publics, des partenaires et des organismes sociaux, des institutions de la danse ?
17h30 - 17h45 : Conclusion en présence d'un grand témoin
Cédric Andrieux, directeur du département des études chorégraphiques du CNSMD de Paris
Aurore Bergé, députée, Assemblée nationale
Olivier Bianchi, maire de Clermont-Ferrand
Bruno Bouché, directeur du Ballet de l’Opéra national du Rhin, CCN de Mulhouse
Gaëlle Bourges, artiste chorégraphe
Annie Bozzini, directrice de Charleroi Danses
Marine Brutti, co-directrice du Ballet de Marseille
Fanny de Chaillé, artiste chorégraphe
Jonathan Debrouwer, co-directeur du Ballet de Marseille
Aurélie Dupont, directrice du Ballet de l’Opéra de Paris
Sylvain Groud, directeur du CCN Ballet du Nord
Arthur Harel, co-directeur du Ballet de Marseille
Dominique Hervieu, directrice de la Maison de la Danse
Tristan Ihne, artiste chorégraphe au Ballet de Lorraine, et membre du comité national du SFA-CGT
Emmanuelle Jouan, directrice du Théâtre Louis Aragon, scène conventionnée
Brigitte Lefevre, présidente de la Comédie de Clermont-Ferrand, et artiste chorégraphe
Sonia Leplat, directrice de la Maison des pratiques amateurs
Michèle Anne de Mey, artiste chorégraphe, directrice de la compagnie Astragales
Mathilde Monnier, ex-directrice générale du CND et artiste chorégraphe
Pascale Henrot, directrice de l'ONDA
Lia Rodrigues, chorégraphe, directrice de Lia Rodrigues Companhia de Danças et fondatrice de l'École Libre de Danse da la Maré
Liliane Schaus, directrice du CDCN La Maison à Uzès
Ambra Senatore, directrice du CCN de Nantes
Noé Soulier, directeur du CNDC d’Angers
Louis Schweitzer, ex-président du Festival d’Avignon
Catherine Tsekenis, directrice du CND
