Porteuse de vies | Théâtre National de Chaillot

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Porteuse de vies

Commande au sculpteur congolais Freddy Tsimba / Œuvre acquise grâce au don du Manège de Chaillot

Partie de la maquette de Porteuse de vies de Freddy Tsimba Don du Manège de Chaillot à Chaillot – Théâtre national de la Danse © Photo Mathieu Lombard / Manège de Chaillot

Pour célébrer d’une autre manière le 70e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, une sculpture de l’artiste congolais Freddy Tsimba, commande du Fonds de dotation le Manège de Chaillot, sera offerte au Théâtre, enrichissant ses décors pour la première fois depuis 1937.

Ici, elle est debout, elle partage, elle offre sa contribution, elle porte le savoir comme elle porte la vie. Elle marche fièrement, elle nous offre les clefs pour qu’aujourd’hui l’être humain triomphe, pour clamer haut et fort que la vie n’a pas de prix. 220 kilos de douilles de cartouches récupérées dans les zones de guerre en République démocratique du Congo. Un socle en ancien portail de prison. 4,25 m c’est la grandeur de cette femme. Cette femme marche ; elle tient dans ses bras un livre fait de clefs récoltées dans les marchés et rues de Kinshasa.
Pourquoi avoir réalisé une œuvre avec des douilles ?
Des milliers de douilles c’est des milliers de vies. Récupérer ces douilles de cartouche c’est rendre hommage aux victimes tombées sous ces balles. En premier lieu c’était l’idée de la mobilité. S’il y a bien un élément qui est libre, c’est la douille car on la trouve partout ; elle bouge, elle peut aller n’importe où, alors que nous, individus, ne sommes pas libres de nos mouvements. L’élément douille a été créé pour ôter la vie. Les clefs peuvent être le symbole de l’enfermement, de la privation de liberté. Ici elles sont : ouverture, connaissance et donc liberté. Un livre en clefs nous ouvre des portes : celle du voyage, celle du savoir et celle du partage.
Pourquoi une femme plutôt qu’un homme ?
C’est encore une fois une façon de rendre hommage : on dit « déclaration des droits de l’homme » et pourquoi pas « des droits de la femme » ? Dans mon pays, l’exclamation la plus récurrente dans les émotions du quotidien n’est autre que « mama na ngai » qui invoque la mère donc la femme. Et cette femme c’est aussi elle qui paye cruellement les frais en période de conflits...

Freddy Tsimba, Kinshasa, le 23 septembre 2018

L’artiste-sculpteur Freddy Tsimba est né à Kinshasa en 1967. Remarqué lors de la 7e Biennale de Dakar en 2002, il doit sa notoriété à plus d’une cinquantaine d’expositions en Afrique, en Europe, au Canada et en Chine. Il a obtenu de nombreux prix et distinctions en France et au Canada. Assemblant et soudant des matériaux de récupération – ici des douilles de cartouches, là des cuillères – il dénonce les tragédies engendrées par la guerre. Par ses sculptures expressionnistes morcelées et provocatrices, il témoigne des questions essentielles de l’humanité et de ses réponses ravageuses et universelles.

Inauguration le 6 décembre 2018 à 12h

 

ŒUVRE ACQUISE GRÂCE AU DON DU MANÈGE DE CHAILLOT
AVEC LE SOUTIEN DE LA CITÉ INTERNATIONALE DES ARTS